Tu sais, doudou, les grands ne comprennent rien.
Ils s'occupent plus de ce qu'ils ont en tête et de ce que les autres pourraient penser d'eux que de ce qu'ils ont dans le cœur.
Leur esprit n'est jamais présent, tantôt à ressasser le passé, tantôt à imaginer le futur, mais jamais simplement là où ils sont.
Je crois qu'ils ont le cœur cassé, ou en tout cas bien abîmé.
Ils ne parlent plus au vent ou à la pluie. Ils n'écoutent ni ne répondent plus aux mots des bêtes. Ils sont devenus sourds et aveugles aux chants et lumières de la vie.
Alors qu'ils se croient si intelligents, capables de fabriquer des voitures, des ordinateurs ou des bombes, ils sont justes incapables d'avoir l'intelligence d'eux-mêmes et de l'autre.
Je crois que ça leur vient du jour où ils ont cru qu'il valait mieux avoir plutôt que d'être.
A moins que ça ne soit parce qu'un jour on leur a donné des conditions, des conditions de plus en plus difficiles, quasi impossibles à satisfaire, pour les aimer.
Le cœur marche à l'inconditionnalité, pas au chantage, à l'ordre ou à l'interdit.
On a dû leur faire tomber l'enfant en eux, le perdre ou même le faire mourir. On leur a menti en leur apprenant que pour être grand, il fallait détester rester petit et renoncer à ça.
Tu te rends compte, doudou, de l'erreur et de la souffrance que c'est !
¨Être petit, c'est savoir qu'on a toujours besoin des autres, qu'on ne se suffit pas, que le sens vient aussi de la reconnaissance.
Être petit, c'est savoir s'amuser, s'émerveiller et jouer d'un rien; c'est s'appliquer et s'impliquer dans chaque instant, traversant mille émotions sans les juger ni les ignorer ou les rejeter.
Être petit, c'est ne pas se prendre trop au sérieux, jouant l'important, l'intéressant, le monsieur-je-sais tout ou la dame-qui-veille-à-tout.
Seul les petits trouvent que tout est un cadeau, que tout est un présent. Les grands ont perdus tout ça. Les grands sont perdus...Ils ont le fil de leur véritable nature, celle où l'on ne tient que par ses liens, celle où on ne se relié sans cesse.
Continuons à jouer, à rire ou à pleurer ensemble. Continuons à être amis et à parler ensemble. Continuons à nous aimer comme ça, sans conditions, sans que l'un n'oublie jamais l'autre dans un placard. Qui sait, on peu peut être rester petit toute sa vie et par notre exemple, réveiller en eux l'enfant en sommeil qui s'était endormi, épuisé d'avoir lutté pour ne pas disparaître.
C'est notre lien, notre amour mutuel, notre meilleure arme pour défendre le monde des petits, celui où l'amour est inconditionnel.
Continuons à être des petits, c'est cela qui est grand!
Dani Elle