Le temps nous apparaît comme une flèche lancée par un mystérieux archer. Quoi que nous fassions, les secondes s'écoulent, inéluctables.
Nous ne pouvons ni arrêter cette flèche, ni l'accélérer, ni à fortiori la détourner.
Nous avons souvent tendance à fouiller notre mémoire, à nous replonger dans le passé, mais aussi à nous projeter dans le futur, à imaginer ce que nous allons faire ou devenir.
C'est tout à fait compréhensible. A une condition toutefois: que ces deux penchants ne prennent pas des proportions envahissantes au détriment de la qualité d'attention et d'action dans l'instant présent.
En ce sens, un bon rapport au temps est essentiel pour bien mener sa vie.
Toutes les sagesses du monde le rappellent: le présent est le seul point de la flèche du temps où l'on peut agir, il est le seul moment créatif.
Quand je parle de l'action que l'on peut et doit mener dans le présent, je ne parle pas seulement du travail, mais j'englobe également la contemplation, la passivité féconde de l'attention et de la méditation.
Or, beaucoup vivent mal dans le présent tant ils sont parasités par les traumatismes du passé ou au contraire paralysés par la peur de l'avenir.
Bien intégrer son passé ne signifie pas l'oublier.
Un événement restera toujours dans la mémoire de l'histoire d'un individu, sauf dans des cas pathologiques comme la sénilité ou la maladie d'Alzheimer.
Mais il s'agit d'apaiser, de calmer les sensations et les émotions perturbantes vécues au cours de l'événement qui, si elles sont toujours présentes aujourd'hui, vont influencer nos attitudes et nos comportements de manière négative.
Et l'on sait les conséquences parfois graves du refoulement sur l'équilibre psychique et l'épanouissement d'un individu.
Bien intégrer son passé signifies s'en souvenir certes, vivre avec, mais ne pas le ressasser en permanence, qu'il s'agisse d'ailleurs de bons ou de mauvais souvenirs.
Nous devons, en particulier, nous efforcer d'éviter les remords, "j'aurais dû".
Nous avons tous commis des erreurs et nous en commettrons encore. Il est légitime de le regretter. Il faut même les reconnaître pour en tirer des leçons et éviter de les répéter.
Mais, dans la mesure où on ne peut plus revenir sur une erreur passée, où la loi de la vie et de l'univers interdit de rebrousser le chemin du temps pour changer de direction au croisement où l'on s'est égaré, il est inutile de se morfondre.
Il ne sert à rien de penser que si , tel jour et à telle heure, nous n'avions pas pris la voiture, nous n'aurions pas eu cet accident.
L'accident à déjà eu lieu, les conséquences ont peut-être été tragiques, mais elles sont là et nous n'avons plus qu'à en prendre acte.
Nous avons commis une erreur? Le remords est un poison de l'esprit qui, de surcroît, nous empêche de mobiliser, dans le présent, les forces nécessaires pour changer et pour continuer d'évoluer.
Petite traite de vie intérieure, Frédéric LENOIR.
Avec Amour et Bienveillance...